mercredi 6 septembre 2017

Ah... sacré Jean-Jacques ! (Rousseau).



“L’homme naît pur, c’est la société qui le corrompt”. (J.J. Rousseau).



(J.J. Rousseau).



Commentaires :

La société n'a jamais corrompu, ne peut corrompre personne, et ne pourra jamais corrompre qui que ce soit.

Parce que la “société”, (détachée de ce qui la compose), cela n'existe pas. Ce qui existe, c'est l'individu, (ce qu'il pense, ce qu'il crée, ce qu'il écrit, etc., etc.) ; et tous les individus qui composent la société, lui donnant ainsi une existence concrète.

Jamais aucun texte stipulant l'application de la peine de mort, par exemple, n'a pu, de lui-même faire tomber un couperet d’une guillotine. Pour cela il faut la décision d'un individu.

Ce qui veut dire que les idées ne sont rien sans les individus qui les imaginent, les écrivent, et décident toujours de les mettre en oeuvre ; elles n'agissent jamais et ne pourront jamais agir seules, sans les individus.

Si vous n'y croyez pas, faites donc l'expérience suivante :

Placez vous en face d'une personne dans une salle quelconque où vous pourrez, par exemple, vous asseoir l'un en face de l'autre. Après une minute, notez l'heure sur une feuille de papier, par exemple : 14 h 45, et écrivez la prédiction (farfelue) suivante, mais sans que l'autre personne puisse en deviner le contenu, bien entendu : "entre 14 h 48 et 14 h 55, la personne qui est assise en face de moi, se mettra soudain à se gratter la plante du pied gauche avec le majeur de sa main droite..". Ensuite, attendez jusqu'à 15 h 00 si vous voulez, (entretemps, vous n’aurez rien fait pour suggérer le comportement attendu par votre prédiction à la personne objet de votre test, cela va de soi...) ; mais s'il ne s'est rien passé à, disons, 14 h 55 et 2 secondes, cela signifie que la prédiction, donc la théorie, ou l'idée (...), que vous aviez écrite sur le papier, n'a pu avoir aucun effet particulier sur le comportement de la personne :

Cette expérience implique donc que n’importe quelle théorie, ou idée abstraite et aussi complexe soit-elle ne peut être agissante de façon autonome et par conséquent corrompre (…) un individu, un animal, une chose, ou même une autre théorie, sans l’intervention d’un individu humain.

Les idées, les choses, les phénomènes de la Nature, ne “parlent” jamais d’eux-mêmes à l’être humain, et ne peuvent pas le faire. Il est toutefois évident que les phénomènes naturels, les animaux, peuvent par contre agir d'eux-mêmes, et aussi avoir un langage, comme pour les animaux, mais ce n’est pas parce qu’un chien aboie en direction de son maître qu’il lui “parle” pour les mêmes raisons qui motiveraient un être humain à le faire. Et si le maître pense que son chien l’appelle, ce n’est rien de plus qu’une interprétation humaine des aboiements du chien. Il n’y a que le jour où les chiens parleront subitement notre langage où nous pourrons enfin savoir la vérité... 

Il est possible que notre connaissance scientifique sur le langage animal nous aide aussi à comprendre toujours mieux ce que semble nous “dire” les chiens ou les chats quand ils paraissent s’adresser à nous, mais toute connaissance scientifique aussi bien corroborée soit-elle ne pourra jamais être la réplique exacte ou le parfait “copié-collé” de la Nature. A cela il y a une impossibilité logique rigoureusement indépassable liée au problème insoluble de l'imprécision de toute mesure. Certaines machines semblent elles aussi agir d'elles-mêmes, mais elles ne le pourraient pas sans un programme informatique complexe imaginé par l'être humain.

La Nature ne "parle" donc jamais à aucun être humain, c'est-à-dire en lui donnant d'elle-même, et de façon tout à fait autonome, la description, l'explication, ou la bonne interprétation à réaliser sur son comportement, ses phénomènes. 

C’est toujours l’être humain qui par ses hypothèses, ses tests, les résultats de ses tests, et ses interprétations, descriptions et explications, fait “parler” la Nature, les choses, et les idées ; et parfois d'autres êtres humains en tentant de ventriloquer un prétendu "inconscient" qui serait non seulement plus qu'eux-mêmes mais encore qui les déterminerait en totalité en excluant tout hasard et tout non-sens (!..) sans pourtant que la "réalité" de cet "inconscient" ne puisse jamais être autre chose qu'une abstraction métaphysique, et encore...

La “société”, si elle est comprise comme un phénomène abstrait, et détaché de tout élément concret, ne peut donc “parler” ou avoir du “sens”, ou même un prétendu “effet” sur des choses réelles comme des individus, que si une théorie a pu être formulée pour la caractériser en tant qu’abstraction, d’une part, et, d’autre part, si cette abstraction a pu ensuite être soumise à des tests, lesquels, par les résultats qu’ils ont pu fournir, ont permis de “faire parler la société” en tant qu’entité abstraite.

Mais de quoi se composerait cette conception abstraite de la société, pour pouvoir être testée ? Elle ne pourrait évidemment être creuse, ou vide, et serait donc obligée par sa “composition” de donner raison à l’argument selon lequel aucune conception de la société ne peut être vidée de ce qui la compose : les individus, les choses créées par eux, etc.

La conception totalement creuse ou idéologique* de la “société”, (parce que ne lui désignant aucun contenu concret), laquelle en obligeant tout utilisateur à se limiter à l’argument : “c’est la faute de la société”, ou “c’est la société”, est irréfutable et donc susceptible de trouver sans arrêt des confirmations de son “bien fondé” dans tout phénomène social possible, ou des biais de confirmations d’hypothèses, mais jamais de véritables preuves de son pouvoir de description, d’explication et de prédiction.


*


Ludwig von Mises : "Seul l'individu pense, seul l'individu agit".




*Par "idéologique", nous entendrons ici, un "système spéculatif, vague et nébuleux" (Cf. Larrousse) dont la (prétendue) "vérité" démontrée (...) ne se trouve que dans les termes ou dans la formule, et jamais dans les faits. Ainsi, être "idéologique", signifierait que l'on place l'idée, même creuse, au-dessus de tout, y compris d'une possible mise à l'épreuve des faits, quitte à ce que les faits eux-mêmes, et aussi contradictoires qu'ils puissent être avec "l'idée", s'y adaptent pourtant constamment en y apportant toujours une confirmation mais sans jamais pouvoir la remettre en cause.



(Ludwig Von Mises).



P.S. : 

(Dès lors, et dans un autre contexte, l’on comprendra sans doute encore mieux comment cet "inconscient" dont les psychanalystes nous rabattent encore les oreilles, n’a “d’existence” que de manière entièrement superfétatoire, métaphysique, ou comme un artefact, et toujours selon des circonstances entièrement assujetties à la manipulation mentale ; ou de prétendus "effets de réel", sans que cette entité ou ses effets ne soient donc entièrement suggérés, ou éventuellement "co-fabriqués" entre croyants..).

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